Qu’est-ce que la musicothérapie ?
La musicothérapie est une discipline dans laquelle des musicothérapeutes certifiés (MTA) utilisent la musique à l’intérieur du lien thérapeutique afin de soutenir le développement, la santé et le bien-être. Les musicothérapeutes se servent de la musique de façon sécuritaire et éthique pour répondre aux besoins humains sur le plan de la communication et aussi sur les plans cognitif, musical, physique, social et spirituel.
Association canadienne des musicothérapeutes
Septembre 2020
Champ de pratique en musicothérapie
Les services exécutés par un musicothérapeute certifié (MTA) comprennent la mise en pratique des interventions musicothérapeutiques à l’intérieur du contexte d’une relation thérapeutique. Cette relation est développée à travers une communication verbale ou non verbale basée sur la musique. Les musicothérapeutes certifiés (MTA) utilisent la musique pour répondre à des besoins de l’être humain à l’intérieur des domaines de la cognition et de la communication, des domaines affectifs, musicaux, physiques, sociaux et spirituels. Ils évaluent les clients, élaborent des plans de traitement, réalisent des processus de thérapie et évaluent le progrès. Ce champ de pratique inclut une gamme de procédures, actions, processus, rôles et responsabilités qu’un musicothérapeute certifié (MTA) peut exécuter efficacement de façon sécuritaire.
Les musicothérapeutes certifiés (MTA) peuvent aussi mener ou participer à la recherche, enseigner à des étudiants et à des professionnels ainsi que les superviser, faciliter la translation des connaissances, agir comme consultants et fournir un leadership professionnel sur l’utilisation de la musique pour promouvoir la santé et le bien-être.
Les musicothérapeutes certifiés (MTA) fournissent des services dans différents environnements comme en soins de santé, en éducation, en milieu communautaire, en cabinet privé, en établissement ou en entreprise. Ils travaillent de façon indépendante ou comme membres d’équipes interprofessionnelles. La pratique clinique d’un musicothérapeute certifié (MTA) est guidée sur une pratique basée sur des faits (EBP) : l’intégration des meilleurs résultats de recherche disponibles ; les besoins, valeurs et préférences du client ; et l’expertise du clinicien (Sackett D, L., Straus, S.E., Richardson, W.S., Rosenberg, W., & Haynes, R.B. (2000). Evidence-based medicine: How to practice and teach EBM. (2nd ed.). Edinburgh, UK : Churchill Livingstone.)
La certification MTA accordée par l’ACM est basée sur la documentation d’une évaluation réussie de l’interne, la passation d’un examen du conseil de certification donné par le Certification Board for Music Therapists et une déclaration d’adhérence au Code de déontologie et aux Normes de pratique de l’ACM.
Pendant que le champ de pratique est révisé, veuillez vous référer au document du champ de pratique de la American Music Therapy Association et du Certification Board for Music Therapists ici.
Qui bénéficie de la musicothérapie ?
La musicothérapie est utilisée avec des individus de tous âges et habiletés avec de l’expérience musicale variée en milieu institutionnel, communautaire ou privé. Ceci comprend :- Lésions cérébrales
- SIDA
- Autisme et autres troubles envahissants du développement
- Soins intensifs
- Déficiences développementales
- Traumatismes émotifs
- Gériatrie
- Malentendants
- Santé mentale
- Soins néonataux
- Obstétrique
- Oncologie
- Contrôle de la douleur
- Soins palliatifs
- Développement personnel
- Déficiences physiques
- Troubles du langage
- Toxicomanie
- Adolescents à risque
- Victimes de maltraitance
- Déficiences visuelles
Éducation et formation
Les musicothérapeutes accrédités (MTA) doivent compléter un baccalauréat ou un certificat de 2e cycle en musicothérapie ainsi qu’un internat clinique supervisé de 1000 heures.
Formation universitaire : Le programme universitaire comprend des stages supervisés en milieu de travail et un apprentissage universitaire des divers champs de la recherche en musicothérapie, musique et psychologie.
Internat : Après avoir reçu sa formation universitaire, l’apprenti musicothérapeute complète un internat supervisé de 1000 heures. Durant son internat, le musicothérapeute consolide ses connaissances et ses habiletés en musicothérapie, développe ses compétences avec une ou plusieurs clientèles et assume graduellement toute la gamme des responsabilités qui incombent à un musicothérapeute professionnel. Un fois l’internat complété avec succès, à l’issue du stage, les diplômés peuvent s’inscrire à la certification MTA, ce qui signifie qu’à la complétion de leur examen de la CBMT * ils sont qualifiés pour travailler dans le domaine et ils adhèreront aux Normes de pratique et au Code de déontologie de l’ACM. *Certification Board of Music Therapists – www.cbmt.org
Formation continue : Le développement et la formation d’un musicothérapeute ne se terminent pas par son accréditation. Les MTA doivent maintenir leurs crédits de formation à jour, soit à tous les 5 ans, par la formation continue de l’AMC. Les MTA cherchent constamment à faire avancer l’application théorique et pratique des techniques de musicothérapie.
Cliquer ici pour visiter notre page de liens pour de l’information sur les programmes de formation en musicothérapie au Canada.
Processus clinique
Le travail clinique comprend la préparation, l’implantation et l’évaluation des programmes de musicothérapie avec les individus et les groupes concernés. Le processus en musicothérapie commence souvent par une référence de professionnels de la santé, des professionnels de l’éducation ou d’individus qui viennent eux-mêmes chercher les services en musicothérapie. Le musicothérapeute effectue alors une évaluation en étudiant les dossiers médicaux ou académiques, en recevant en entrevue le client ou les membres de sa famille et, étape spécifique au processus d’évaluation en musicothérapie, en observant les réponses du client aux techniques de musicothérapie, en groupe ou en séances individuelles.
En se basant sur ces informations et en tenant compte de l’apport du client, des membres de la famille et des autres professionnels de la santé et de l’éducation, le musicothérapeute fixe des buts. Généralement établis à long terme, ces derniers sont atteints dans le temps par la réalisation de petits objectifs, à court terme, en groupe ou en séances. Ce sont ces objectifs, accompagnés de procédures d’intervention et de documentation clinique, qui constituent le plan d’intervention que le musicothérapeute met en œuvre.
Après l’implantation du traitement, sur une période raisonnable, le musicothérapeute évalue le plan afin de déterminer si les méthodes d’intervention sont efficaces et si la personne fait des progrès en atteignant les buts et objectifs définis. Le plan de traitement est modifié en conséquence. La thérapie se termine lorsque les objectifs et les buts ont été atteints, quand une personne a son congé d’un établissement ou quand une personne ne peut plus bénéficier des services. Durant le processus de traitement, le musicothérapeute documente les évaluations, note l’évolution, les observations ainsi que les recommandations concernant le progrès de la personne. Il y a une communication constante entre le musicothérapeute et la personne qui reçoit les services en musicothérapie, comme avec les autres membres de l’équipe interdisciplinaire.
Techniques d’intervention
Les musicothérapeutes utilisent une variété de techniques d’intervention, qu’elles soient actives ou réceptives, selon les besoins et les préférences des individus avec qui elles travaillent. Ces techniques sont, sans être limitées à celles-ci, énumérées ci-dessous :
Le chant est un outil thérapeutique qui aide au développement de l’articulation de la parole, du rythme et du contrôle du souffle. Le chant, dans un environnement de groupe, peut améliorer les habiletés sociales et favoriser une plus grande conscience des autres. Pour les personnes qui sont atteintes de démence, chanter peut encourager la réminiscence et la conversation sur le passé, tout en réduisant l’anxiété et la peur. Pour les individus qui ont une respiration réduite, chanter peut améliorer le taux de saturation de l’oxygène. Pour les individus qui ont des troubles de langage suite a un AVC, la musique peut stimuler les centres du langage dans le cerveau ce qui facilite l’habileté à chanter.
Jouer d’un instrument peut améliorer la coordination de la motricité fine et globale chez les individus qui ont des déficits moteurs ou qui ont des traumatismes neurologiques reliés à un AVC, à des traumatismes crâniens ou qui sont atteints d’une maladie. Les ensembles instrumentaux peuvent mettre en valeur la coopération ainsi que la capacité de concentration et peuvent fournir l’occasion de pratiquer divers rôles de meneur-participant. Jouer d’un instrument peut inciter ceux qui ont une expérience musicale antérieure à revisiter des habiletés qu’ils avaient déjà apprises, leur permettant ainsi d’expérimenter un nouveau sens du plaisir. La musique peut également augmenter le bien-être et la confiance en soi pour ceux qui apprennent à jouer d’un instrument pour la première fois.
Les activités basées sur le rythme peuvent être utilisées pour faciliter et améliorer l’amplitude de mouvements, la mobilité, l’agilité et la force des articulations, l’équilibre, la coordination, la constance de la démarche et la relaxation d’un individu. Le rythme et la pulsation sont des composantes importantes pour « stimuler » les régions motrices du cerveau, en régularisant les processus automatiques tels la respiration et le rythme cardiaque, et en maintenant la motivation ou le niveau de l’activité suivant l’arrêt d’un stimulus musical. L’utilisation de motifs rythmiques peut aussi aider les personnes qui éprouvent des difficultés réceptives et expressives (aphasie, acouphène) afin d’améliorer leur habileté à tolérer et à traiter l’information sensorielle avec succès.
Improviser offre des moyens créatifs et non verbaux d’expression des pensées et des sentiments. L’improvisation ne donne pas lieu à jugement, est facile d’approche et n’exige aucune formation musicale préalable. En tant que telle, elle aide le thérapeute à établir un rapport trilatéral entre le client, lui-même et la musique. Quand les mots ne suffisent pas ou qu’il est trop difficile d’exprimer des émotions, la musique peut remplir ce vide. Là où la confiance et l’interaction avec autrui ont été compromises par mauvais traitements ou négligence, l’improvisation offre un moyen sûr de restaurer un contact interpersonnel de qualité. Quand les capacités d’apprentissage sont limitées, la possibilité d’essayer différents instruments, sons musicaux, timbres et médias peut présenter un moyen d’acquisition d’une nouvelle compétence et peut augmenter la joie de vivre.
Composer ou écrire des chansons peut faciliter le partage de sentiments, d’idées et d’expériences. Par exemple, avec des enfants hospitalisés, l’écriture de chansons est un moyen d’exprimer et de comprendre leurs peurs. Pour les malades en phase terminale, l’écriture de chansons aide à exprimer des sentiments quant à la signification de la vie et de la mort. Elle peut également présenter un moyen, avant la mort, de créer un héritage ou une expérience partagée avec un soignant, un enfant ou un être cher. Enfin, la discussion des paroles et l’écriture de chansons peuvent aider les adolescents à affronter leurs souvenirs douloureux, traumatismes et mauvais traitements, et à exprimer les sentiments et les pensées qui sont, normalement, socialement inacceptables, tout en stimulant un sens d’appartenance à un groupe ou à un établissement particulier.
L’imagerie basée sur des expériences, telles que la visualisation et l’imagerie mentale (GIM), peut fournir des occasions de réfléchir, d’assimiler et d’interagir avec les éléments conscients ou inconscients qui jalonnent la vie d’un individu. D’autres modalités expressives, telles que le dessin et le mouvement, peuvent être employées en combinaison avec la musique.
Écouter de la musique a beaucoup d’applications thérapeutiques. L’écoute aide à développer des habiletés cognitives telles que la capacité de concentration et la mémoire. Par exemple, elle permet à ceux qui subissent des interventions chirurgicales d’avoir une occasion d’exercer un peu de contrôle sur un environnement souvent imprévisible. Pendant la grossesse, l’écoute de la musique peut développer un lien entre l’environnement utérin et l’environnement externe juste après l’accouchement. Pendant l’accouchement, écouter de la musique peut faciliter les différentes étapes en favorisant la relaxation et en distrayant la parturiente. Dans les situations où les perceptions cognitives sont compromises, comme dans les cas de démence légère ou moyenne, écouter de la musique peut apporter une sensation familière et améliorer le rapport à la réalité. Pour ceux souffrant de maladies mentales comme la schizophrénie ou le désordre bipolaire, l’écoute de la musique peut accroître l’ouverture à la discussion et fournir la motivation nécessaire à l’engagement dans l’activité sociale.
Milieux cliniques
Les musicothérapeutes œuvrent dans des milieux cliniques variés. La liste ci-dessous n’en cite que quelques-uns :
- hôpitaux
- programmes de traitement de jour
- programmes communautaires
- centres correctionnels
- centres de soins de longue durée
- centres de toxicomanie
- écoles
- centres d’hébergement
- pratique privée
Frais pour les services de musicothérapie
L’échelle salariale des musicothérapeutes varie grandement de province en province et de ville en ville. Les salaires des musicothérapeutes sont fixés sur l’emplacement, le milieu, la clientèle, l’expérience, la formation, un emploi à temps plein ou à temps partiel ou un travail en pratique privée, tout comme de nombreux autres facteurs. Avec l’augmentation de l’accessibilité des services professionnels en musicothérapie, nous nous attendons à ce que la disparité salariale s’amenuise. En se basant sur la grande variation, actuellement, l’ACM n’effectue pas de suivi sur les salaires des MTA. En moyenne, les tarifs pour des services en musicothérapie pour une heure de contact direct s’échelonnent entre 35 $ et à plus de 115 $ l’heure. Les échelles salariales moyennes sont déterminées au palier provincial.